La décision du Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, de suspendre l’opération « Arme contre argent » continue de susciter de vives réactions au Nord-Kivu, particulièrement dans le territoire de Beni, où la société civile dénonce une mesure jugée contre-productive.
Dans une déclaration rendue publique le 20 novembre, les forces vives locales estiment que cette suspension freine les efforts de désarmement volontaire, dans une zone marquée par une insécurité persistante. L’opération, initiée par le gouverneur militaire Evariste Somo Kakule, permettait de récupérer des armes en échange d’une compensation : 100 dollars pour une arme AK-47, 200 dollars pour une arme d’appui, et 1 dollar par munition.
Selon la société civile, ce programme avait un impact positif sur la réduction de la circulation d’armes légères, contribuant ainsi à la lutte contre le banditisme urbain et les violences attribuées aux ADF/NALU et autres groupes armés.
Un acteur communautaire propose de revaloriser la prime offerte : « Renommons cette opération ‘une arme contre 200 dollars ou plus’ pour encourager davantage la reddition volontaire », a-t-il suggéré.
Pour sa part, Jacquemain Shabani justifie la suspension par les risques de dérives, soulignant que le programme pourrait être instrumentalisé à des fins lucratives, et nuire à l’image de la RDC auprès de partenaires internationaux, notamment l’ONU.
Face à cette divergence, la société civile plaide pour une concertation urgente entre les autorités provinciales et nationales afin d’adapter le programme, sans compromettre son efficacité.
« L’heure n’est pas à la suspension, mais à des solutions concertées contre l’insécurité », conclut un acteur de Beni.
Dieumerci Matu Chub
