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ÉDUCATION
Stony Mulumba Sha Mbuyi

Publié le Vendredi 29 août 2025

Nombre de lectures: 440

Butembo : Le Syeco boycotte la rentrée scolaire

Une rentrée scolaire fantôme se profile à Butembo et dans sa région. Le Syndicat des enseignants du Congo (SYECO) a officiellement annoncé, suite à une assemblée générale extraordinaire tenue hier 29 août, un mouvement de grève illimité, boycottant l'ouverture des classes prévue ce dimanche 1er septembre. Cette décision radicale, qui plonge des milliers de familles dans l'incertitude, est l'ultime recours pour dénoncer ce que le syndicat qualifie de « mépris soutenu » et d'« inaction coupable » du gouvernement face à des revendications historiques et structurelles.

L'assemblée générale du SYECO, qui a réuni des centaines de délégués enseignants de tous les réseaux et de tous les degrés, a acté la motion de grève à une large majorité. Le constat dressé est sans appel : après des années de dialogue stérile, de promesses non tenues et de reports successifs, la patience des enseignants a atteint ses limites. Le report sine die de la rentrée scolaire est présenté comme une mesure de dernier ressort pour forcer la main aux autorités compétentes, tant au niveau provincial que national.

Le cœur du conflit : trois revendications cardinales et non négociables

Les motivations de ce mouvement social d'envergure ne sont pas conjoncturelles mais touchent au cœur des disparités systémiques qui minent le secteur de l'éducation en République Démocratique du Congo. Le SYECO articule son action autour de trois exigences majeures :

1. L'abolition pure et simple des zones salariales. Ce système, qui établit une discrimination géographique dans le traitement des fonctionnaires, est perçu comme profondément inéquitable. Un enseignant à Butembo, pourtant soumis aux mêmes exigences académiques et souvent à un coût de la vie plus élevé, perçoit un salaire inférieur à son homologue de Kinshasa. Le SYECO exige l'égalisation des traitements sur l'ensemble du territoire national, une revendication ancienne mais toujours d'actualité.

2. L'uniformisation et la pérennisation de la prime de la gratuité de l'enseignement. Instituée dans le cadre de la politique de gratuité de l'enseignement de base, cette prime est versée de manière erratique et son montant varie considérablement d'une région à l'autre, voire d'une école à l'autre. Les enseignants exigent son intégration dans le salaire de base, avec un montant unique et garanti pour tous, afin de mettre fin à cette source permanente de précarité et d'injustice.

3. La mise en place effective d'un régime de retraite digne et fonctionnel. La question de la retraite est une épine constante dans le pied de la profession enseignante. Beaucoup partent à la retraite sans bénéficier d'une pension décente, après une vie de service. Le SYECO exige des engagements concrets et un calendrier précis pour la réforme du système de pension, assurant aux enseignants une fin de carrière dans la dignité.

Un discours fort et une position de fermeté

Interrogé en marge de l'assemblée, Monsieur Benito Mughaso, Secrétaire Permanent du SYECO, a tenu un discours sans équivoque. Il a dénoncé avec véhémence une « injustice criante » qui fracture le corps enseignant et sape son moral. « Comment voulez-vous que des hommes et des femmes motivés à transmettre le savoir le fassent dans de telles conditions de précarité et d'inégalité ? », s'est-il interrogé.

Il a affirmé avec une fermeté inhabituelle : « La position du SYECO est claire, nette et précise. Aucune école, absolument aucune, n'ouvrira ses portes le 1er septembre dans la région de Butembo. Nous resterons campés sur nos positions jusqu'à ce que des solutions concrètes, formalisées par des actes, nous soient présentées. Le temps des vagues promesses est révolu. »

L'impact de cette grève est immédiat et massif. Des dizaines de milliers d'élèves se retrouveront privés de leur droit fondamental à l'éducation. Pour les parents, cette annonce crée une situation anxiogène, entre la gestion improvisée des enfants et l'inquiétude quant au rattrapage d'une année scolaire déjà compromise.

La balle est désormais dans le camp des autorités gouvernementales. Le Ministère de l'EPST (Enseignement Primaire, Secondaire et Technique) et le gouvernement provincial du Nord-Kivu sont sous pression intense pour réagir rapidement afin d'éviter une paralysie durable du système éducatif dans l'une des zones les plus peuplées de la province.

La communauté observe désormais si les canaux de dialogue pourront être rouverts en urgence ou si la crise s'installera dans la durée, avec le risque de dégradation irrémédiable des conditions d'apprentissage pour toute une génération d'élèves.

Kasivika D'Alzon Emmanuel et Stony Mulumba Sha Mbuyi

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Stony Mulumba Sha Mbuyi

Publié le Vendredi 29 août 2025

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