Le dialogue entre Congolais, censé apaiser les tensions politiques et sociales en République démocratique du Congo, peine à prendre forme. Selon des sources proches du dossier, aucun consensus n’a encore été trouvé sur le lieu où doivent se tenir les assises. Et déjà, un bras de fer s’installe entre le pouvoir en place et plusieurs acteurs politiques.
Le régime du président Félix Tshisekedi insiste pour que la capitale, Kinshasa, accueille cette rencontre nationale. Pour les autorités, il s’agit d’un choix symbolique et stratégique, justifié par la souveraineté nationale et la volonté de « dialoguer chez soi ».
Mais cette position est loin de faire l’unanimité. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’Église du Christ au Congo (ECC) et d’autres parties prenantes rejettent catégoriquement cette option. Ils plaident pour un lieu neutre, à l’extérieur du pays, afin de garantir un climat de confiance et d’impartialité. Luanda (Angola), Lomé (Togo) et Brazzaville (Congo) sont les villes proposées.
Un dialogue sous haute tension
Ce désaccord sur le lieu des discussions révèle des fractures plus profondes. Pour les opposants à Kinshasa, tenir les assises dans la capitale reviendrait à placer le dialogue sous l’influence directe du pouvoir, ce qui en compromettrait la crédibilité. À l’inverse, le camp présidentiel voit dans les propositions alternatives une tentative de « délocalisation de la souveraineté congolaise ».
Alors que le pays entre dans une phase charnière à l’approche des échéances électorales de 2028, ce désaccord pourrait retarder, voire compromettre, la tenue du dialogue. Plusieurs observateurs redoutent une impasse politique si aucun terrain d’entente n’est trouvé rapidement.
En attendant, les tractations se poursuivent en coulisses. Mais une chose est sûre: le lieu du dialogue est devenu, à lui seul, un enjeu politique majeur.
Roger AMANI
