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Alors que le thermomètre chute anormalement bas pour une saison sèche dans la province du Lualaba, une autre réalité glace les esprits: la vie nocturne de Kolwezi, loin de s’éteindre, s’enflamme. Bars, boîtes de nuit et carrefours populaires restent bondés, alimentés par une consommation massive d’alcool et une augmentation visible du nombre de travailleuses du sexe, congolaises comme étrangères.
L’abus d’alcool, un refuge social dans le froid
Les marques locales comme Simba, Tembo, Chui, Castel ou encore Guinness coulent à flots dans les quartiers les plus animés de la ville, notamment la cité Manika, Quartier Latin, Gecamines ou encore sur le Rond-point Malu. Des endroits où les bouteilles vides jonchent les trottoirs à l’aube.
« Le froid nous pousse à chercher de la chaleur dans la bière. Ici, une Tembo, c’est comme une couverture liquide », explique Irène, la trentaine, croisée au Q. Latin. Jean-Paul, visiblement éméché, renchérit: « À Kolwezi, tu bois pour oublier ou pour tenir debout. Y a pas beaucoup d’options. »
« Moi, je prends la bière tous les soirs, froid ou pas. Le matin, je me réveille sans mal de gorge, sans toux. J’ai l’impression que ça m’aide même à mieux respirer la nuit », témoigne Frédéric, agent de sécurité, rencontré devant un night club. « Peut-être que c’est pas médical, mais ici, on vit avec ce qu’on a. La bière, c’est notre sirop local contre le froid. »
Les nuits de Kolwezi: un miroir social troublant
En parallèle, les activités nocturnes liées à la prostitution semblent croître à un rythme alarmant. Des Congolaises, mais également des femmes venues de Zambie et de Tanzanie, occupent les terrasses, bars et les night clubs jusqu’au petit matin. Le phénomène, autrefois discret, devient de plus en plus visible, au grand dam de certains habitants.
« C’est devenu une industrie à ciel ouvert. Même au niveau de Noka, on te propose des "services" comme un menu de fast-food », commente Patrick, un jeune motard de l'arrêt Noka, quartier Latin.
Vies nocturnes à Kolwezi: l’autre visage de la survie
Clarisse, 27 ans, originaire de Lubumbashi, installée à Kolwezi depuis deux ans: « Je ne suis pas fière, mais je ne peux pas retourner chez moi les mains vides. Ici, je gagne entre 30, 40 et 50 dollars la nuit, parfois plus. Le froid? Je m’y suis habituée, c’est le moindre de mes problèmes. Beaucoup de gens pensent qu’on aime ça, mais c’est un choix imposé par la vie. J’ai deux enfants à nourrir et je ne trouve pas de travail stable. Alors je fais ce que je peux, comme beaucoup d’autres. »
Amina, 32 ans, venue de Tanzanie, fréquente les boîtes de nuit du Quartier Latin: « J’étais vendeuse, mais je gagnais à peine assez pour manger. Des Congolais m’ont parlé de Kolwezi comme d’une ville où on pouvait gagner vite. Ce que je fais, ce n’est pas pour le plaisir. Le froid est terrible mais l’alcool des clients et les lumières me font oublier un peu. Les hommes ici paient bien 50, 100 dollars voire plus, parfois en bière et vêtements. Je veux juste mettre de côté assez pour repartir, ouvrir une boutique chez moi. »
Un désarroi croissant, un silence institutionnel
Si certains pointent du doigt l’absence d'activités sociales ou d’accompagnement psychologique pour les jeunes désœuvrés, d’autres évoquent une économie nocturne devenue un mécanisme de survie face à la pauvreté.
L’inaction des autorités face à cette dérive sociale interpelle: aucune campagne de sensibilisation, ni mesures de santé publique n’ont été observées récemment pour freiner cette dynamique nocturne inquiétante.
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