L'ancien ministre congolais et chef du Rassemblement Congolais pour la Démocratie-National (RCD-N), Roger Lumbala, actuellement détenu à la prison de la Santé à Paris, a sollicité l'intervention de Jean-Pierre Bemba, président du Mouvement de Libération du Congo (MLC), pour qu'il témoigne en sa faveur.
Roger Lumbala est poursuivi en France pour complicité de crimes contre l’humanité dans le cadre de l'opération militaire « Effacer le tableau », menée en Ituri et au Nord-Kivu entre 2002 et 2003, où de graves violations des droits humains ont été documentées.
Dans sa lettre adressée à Jean-Pierre Bemba, M. Lumbala conteste la légitimité des poursuites, affirmant qu'elles reposent sur des accusations « montées » par des ONG étrangères ayant recruté des Congolais pour témoigner à charge.
Il nie avoir exercé toute responsabilité militaire durant cette période, affirmant que son rôle s'est limité à apposer sa signature sur un accord politique négocié entre M. Bemba, Antipas Mbusa Nyamwisi et des partenaires internationaux.
Il critique par ailleurs le silence public de M. Bemba depuis l'ouverture du procès.
L'ex-chef du RCD-N demande explicitement à Jean-Pierre Bemba de se présenter comme témoin, potentiellement par visioconférence, et d'encourager d'anciens responsables du MLC à faire de même. Il estime que leurs témoignages sont cruciaux pour clarifier son rôle exact au sein du mouvement et dans le contexte des événements incriminés.
En signe de protestation contre ce qu'il perçoit comme une approche « néocolonialiste » de la justice française, Roger Lumbala a indiqué avoir :
* Refusé de comparaître devant la Cour d’assises.
* Mis fin au mandat de ses avocats français.
* Entamé une grève de la faim.
Le procès de Roger Lumbala est attentivement suivi en RDC, étant considéré comme un test pour les poursuites internationales des crimes commis durant les conflits du début des années 2000.
À ce jour, aucune réaction officielle n’a été communiquée par le MLC, laissant en suspens la question de l'intervention de Jean-Pierre Bemba dans cette affaire qui pourrait avoir un impact politique majeur sur la scène congolaise.
Dénis Ngalamulume