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La formation du gouvernement Suminwa 2 ce jeudi 7 août, après des semaines de tractations et de spéculations, a enfin été dévoilée. Pourtant, loin de clore les débats, cette annonce a ravivé les interrogations sur la cohérence, la transparence et les véritables motivations qui sous-tendent les choix opérés par le pouvoir en place.
Dans cette tribune sans concession, nous dissèquons les enjeux de ce remaniement, entre promesses non tenues, calculs politiques opaques et rares lueurs d’espoir.
Le départ de Constant Mutamba : une mise à l’écart qui interroge
L’une des décisions les plus marquantes de ce remaniement réside dans l’éviction de Constant Mutamba du ministère de la Justice. Un limogeage qui, selon moi, relève moins d’une logique de performance que d’une stratégie politique éculée.
Un bilan pourtant tangible. Mutamba, souvent décrié par ses détracteurs, a pourtant marqué son passage par des actions concrètes : la fin du statut de sénateur à vie pour l’ancien président Joseph Kabila, une réforme symbolique mais historique. La lutte contre les "Kulunas", avec des résultats perceptibles à Kinshasa, malgré des défis sécuritaires persistants.
Pourquoi écarter un ministre qui a osé bousculer des tabous ? Son successeur devra non seulement justifier cette décision, mais aussi faire mieux. Or, rien ne garantit que ce sera le cas.
Une méthode "biface" du pouvoir. Je dénonce une tactique récurrente : recruter des figures dynamiques pour leur capacité à impulser des réformes; les écarter une fois leur utilité épuisée, sans égard pour leur bilan. Mutamba est le dernier exemple en date, mais cette pratique mine la confiance dans les institutions.
Adolphe Muzito au Budget : une nomination piégée ?
L’arrivée de l’opposant Adolphe Muzito au ministère du Budget suscite autant de scepticisme que d’étonnement. J'y voit une manœuvre à haut risque, tant pour Muzito que pour la stabilité économique du pays.
Un "champ de mines" politique. Le Budget, un poste stratégique, souvent utilisé comme outil de contrôle par le pouvoir. Muzito, cible potentielle : s’il commet une erreur, la justice, instrumentalisée en RDC, pourrait se retourner contre lui.
Une fausse "ouverture" ? Contrairement aux discours officiels sur l’union nationale, cette nomination ressemble davantage à une tentative de neutralisation d’une voix critique.
Un piège tendu pour discréditer Muzito en cas d’échec. C’est la même méthode qu’avec Mutamba : donner du pouvoir pour mieux humilier ensuite.
Un gouvernement d’union nationale ? Un leurre
La Première ministre Judith Suminwa Tuluka a présenté cette équipe comme un gouvernement de large rassemblement. Pourtant, je fustige un "recyclage" de visages familiers, souvent sans bilan probant.
Les absents de marque. Peu de nouveaux talents ou de profils techniques indépendants. Une sur-représentation des fidèles du régime, au détriment d’une vraie pluralité.
Une lueur d’espoir : Thérèse Kayikwamba Wagner. Parmi les rares satisfactions, je salue le maintien de Thérèse Kayikwamba Wagner, une femme courageuse qui aurait mérité la primature. Patrick Muyaya, dont l’expérience comme porte-parole reste un atout.
Le peuple congolais mérite mieux
Ce gouvernement est né sous le signe de l’ambiguïté. Trois constats s’imposent : les choix politiques priment sur la compétence, au détriment de l’efficacité. La méthode "utiliser-jeter" décourage les vrais réformateurs. Le peuple attend des actes, pas des calculs partisans.
En définitive, le gouvernement Suminwa 2 devra démontrer rapidement qu’il est à la hauteur des attentes. Sans quoi, il risque d’alimenter un peu plus la défiance des Congolais envers leurs dirigeants.
Félix Mulumba Kalemba Journaliste, écrivain et libre penseur
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