Dans un communiqué publié le 10 décembre 2025, le gouvernement rwandais a officiellement justifié la présence de ses troupes et de ses alliés du M23 dans la ville d’Uvira, au Sud-Kivu, en accusant la République démocratique du Congo (RDC) de ne pas avoir respecté ses engagements de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hutu rwandais actif dans l’est congolais.
« Le manquement de la RDC à neutraliser les FDLR, comme stipulé dans l'Accord de Paix de juin 2025, continue de retarder la résolution du conflit dans l'Est de la RDC, qui constitue l'objectif ultime des Accords de Washington », a déclaré Kigali. Le communiqué ajoute que « la RDC n'a jamais été prête à s'engager pour la paix, même si le Président Tshisekedi a participé à la cérémonie du 4 décembre, comme s'il avait été contraint de signer les Accords ».
Cette déclaration intervient alors que la situation sécuritaire dans l’est de la RDC reste extrêmement tendue. Uvira, ville stratégique située à la frontière avec le Burundi, est désormais sous le contrôle des rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, selon plusieurs sources locales et internationales.
Des accusations réciproques et une paix fragile
L’Accord de paix de Washington, signé en juin et entériné le 4 décembre 2025 sous l’égide des États-Unis, prévoyait notamment la neutralisation des FDLR par Kinshasa et le retrait progressif des troupes rwandaises du territoire congolais. Toutefois, selon plusieurs analystes congolais, cet engagement aurait été utilisé par Kigali comme un levier pour maintenir sa présence militaire dans l’est du Congo.
Des rapports des Nations unies et d’organisations non gouvernementales confirment que les FDLR sont toujours actifs dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces mêmes provinces sont aujourd’hui contrôlées à plus de 70 % par les rebelles du M23, selon des estimations récentes, renforçant les soupçons sur l’implication directe du Rwanda dans le conflit.
Une occupation qui ravive les tensions régionales
L’occupation d’Uvira par les troupes du M23 et leurs alliés rwandais marque une escalade majeure dans le conflit. Elle remet en cause les efforts diplomatiques entrepris ces derniers mois et alimente les tensions entre Kinshasa et Kigali. Le gouvernement congolais n’a pas encore officiellement réagi à cette justification rwandaise, mais plusieurs responsables politiques dénoncent déjà une violation flagrante de la souveraineté nationale.
Alors que la communauté internationale appelle à la retenue et au respect des accords signés, la situation sur le terrain continue de se détériorer, avec des milliers de civils déplacés et une crise humanitaire qui s’aggrave.
Roger AMANI
