La scène politique du Kasaï-Central vient une fois de plus illustrer les dérives d’une gouvernance marquée par les luttes d’influence et la personnalisation des actions publiques. Le mercredi 3 décembre 2025, le ministre d’État, ministre de la Justice, Guillaume Ngefa, a procédé à l’inauguration du Tribunal de paix de Demba, un bâtiment déjà inauguré officiellement il y a plusieurs semaines par le gouverneur provincial Joseph-Moïse Kambulu Nkonko.
Ce doublon protocolaire, loin d’être anodin, alimente une confusion totale au sein de la population locale et suscite une vague d’indignation sur l’usage des fonds publics. En effet, l’organisation de cette visite ministérielle, incluant la mobilisation d’un avion et de toute une délégation venue de Kinshasa, représente un coût important pour le Trésor public – pour inaugurer un bâtiment déjà fonctionnel.
Une lutte de leadership aux frais de l’État ?
Derrière cette scène apparemment administrative se cache une guerre d’influence politique entre deux députés nationaux natifs de Demba : Thierry Mulumba, qui a personnellement financé la construction du tribunal, et Olivier Kabeya, actuellement impliqué dans la supervision des travaux de la route Kananga-Demba.
La présence du ministre de la Justice dans cette "ré-inauguration" est perçue comme une tentative de récupération politique, voire une démonstration de force orchestrée pour effacer la première cérémonie et délégitimer le rôle du député donateur.
Cette confusion, et les dépenses qu’elle a occasionnées, soulève plusieurs interrogations sur la coordination des institutions et la gestion responsable des ressources publiques.
La population de Demba, bien qu'heureuse de bénéficier d'un nouveau bâtiment judiciaire, dénonce l’instrumentalisation politicienne d’une œuvre d’intérêt public, au lieu d’une mise en valeur cohérente de l’action gouvernementale.
Un appel à la transparence
Face à cette cacophonie, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à une meilleure coordination entre les acteurs politiques et administratifs, afin d’éviter la duplication des actes officiels, la dilapidation des fonds de l’État, et l’incompréhension au sein des communautés locales.
L’heure n’est plus à la politique-spectacle, mais à la sincérité dans le service public, la rationalisation des dépenses, et le respect des efforts des citoyens et élus qui contribuent concrètement au développement local.
