La province du Kasaï Oriental vit une période d’instabilité institutionnelle marquée par une série d’accusations de détournement, de rivalités politiques et de perte de confiance entre les organes du pouvoir provincial. Ce climat délétère met en évidence les failles de la gouvernance locale et la fragilité des institutions provinciales.
Selon des sources proches du gouvernement provincial, le gouverneur Jean-Paul Mbwebwa, de retour de Kinshasa où il était convoqué par la justice à la suite de sa mise en accusation par l’Assemblée provinciale, aurait trouvé à son arrivée seulement 200 dollars dans la caisse publique. Pendant son intérim, le vice-gouverneur aurait contracté un prêt de 100 000 dollars auprès d’une banque locale, prétendument utilisé pour s’assurer du soutien de certains députés provinciaux. Ces allégations encore non confirmées officiellement, renforcent les soupçons d’une gestion financière défaillante et politisée.
Sur le plan politique, les tensions se sont accentuées après le dépôt d’une motion de défiance contre le gouverneur, accusé d’avoir géré de manière opaque une somme de 3 millions de dollars allouée par le gouvernement central à la province. En réaction, un député de l’UDPS, parti du gouverneur, a initié une motion de retrait de confiance visant quatre membres du bureau de l’Assemblée provinciale. Cette succession de motions illustre une guerre d’influence qui paralyse les institutions et fragilise davantage la stabilité de la province.
Face à cette impasse, le gouvernement central a convoqué à Kinshasa le gouverneur, son adjoint et les membres du bureau de l’Assemblée provinciale pour participer, du 5 au 6 novembre, à une réunion pilotée par le vice-ministre de l’Intérieur. Objectif : favoriser le dialogue et stabiliser les institutions provinciales, dans un contexte où la crise politique menace d’affecter la mise en œuvre des programmes de développement.
Cette situation reflète les limites structurelles de la gouvernance décentralisée en République démocratique du Congo. Entre gestion peu transparente, rivalités partisanes et manque de contrôle budgétaire, le Kasaï Oriental devient un exemple symptomatique des défis que rencontrent plusieurs provinces pour concilier autonomie, responsabilité et efficacité. Le dénouement de cette crise constituera sans doute un test majeur pour la crédibilité des institutions locales et la volonté du pouvoir central d’imposer une gouvernance plus rigoureuse et équilibrée à travers le pays.
Ilunga Luboya
