La gestion financière de la province du Kasaï-Oriental est sous le feu des critiques de l'Inspection générale des finances (IGF). Une mission d’audit a remis un rapport accablant au gouverneur ce lundi 15 septembre, pointant de graves irrégularités et un écart financier colossal de plus de 6,8 milliards de francs congolais. L'IGF a donné un ultimatum de 72 heures au gouverneur pour qu'il fournisse une réponse écrite.
Le rapport d'audit met en lumière une série de manquements graves aux principes de la bonne gouvernance financière. Les inspecteurs ont notamment constaté :
- Le non-respect du règlement général sur la comptabilité publique.
- Une confusion des fonctions entre les ordonnateurs (ceux qui autorisent les dépenses) et les comptables (ceux qui gèrent les flux financiers), une pratique qui ouvre la voie à des dérapages.
- Un livre de caisse non mis à jour depuis la fin du mois de juin 2025.
- L'absence d'un plan annuel de passation des marchés publics, un outil pourtant essentiel pour garantir la transparence des appels d'offres.
- L'absence de toute comptabilité bancaire claire, rendant la traçabilité des transactions quasi impossible.
Le constat le plus alarmant reste l’écart de plus de 6,8 milliards de CDF entre les montants reçus du Trésor public et ceux qui ont été déclarés dans le rapport de reddition des comptes de la province. Ce "préjudice à la transparence budgétaire", selon les termes de l'IGF, exige des justifications formelles. Seule une fraction de ces fonds, soit 681 millions de CDF, a pu être tracée et associée à des projets de réhabilitation spécifiques, comme l’avenue Kabeya Banza et l’EP Mashala Bambi.
Face à ces observations graves, l'IGF a exigé que le gouverneur provincial fournisse des explications écrites dans un délai de 72 heures. Cette réponse sera ensuite examinée lors d'une séance contradictoire qui se tiendra à Kinshasa. Cette procédure vise à confronter les justifications du gouvernement provincial aux conclusions de l'audit.
Les résultats de cette enquête pourraient avoir des répercussions significatives sur la gestion de la province et, le cas échéant, sur les responsabilités des personnes impliquées dans la mauvaise gestion présumée.
Stony Mulumba Sha Mbuyi
