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Pendant quatre jours, Kinshasa a vécu une parenthèse presque irréelle: des avenues plus calmes, des embouteillages en net recul, et une circulation fluide. La raison ? Le départ massif des autorités civiles et militaires vers Kolwezi, dans le Lualaba, a métamorphosé le quotidien urbain de la capitale.
“On roulait comme en Europe”: les Kinois savourent une liberté retrouvée
Sur le boulevard du 30 Juin, *Sandra*, conductrice de taxi-bus, n’en revient toujours pas:
« Même à 8 heures, j’ai atteint Gombe sans m’arrêter une seule fois. C’est comme si Kinshasa s’était vidée de ses barrages invisibles. »
Pour elle comme pour beaucoup, l’absence des cortèges officiels souvent bruyants, prioritaires et désorganisateurs a offert un répit bienvenu.
"Batikala kuna": un ras-le-bol qui s'exprime avec humour
De Matete à Bandal, les citadins plaisantent avec un brin de sarcasme: « Batikala kuna! » (qu’ils restent là-bas). Un slogan de trottoir devenu viral sur TikTok et WhatsApp, qui reflète une lassitude face à un protocole perçu comme intrusif.
Junior, étudiant à l’UPN, s’interroge:
« Pourquoi est-ce que le pays semble mieux respirer quand ceux qui dirigent sont ailleurs ? C’est un vrai paradoxe. »
Kolwezi verrouillée, habitants exaspérés
Mais si Kinshasa sourit, Kolwezi, elle, serre les dents. Maman Jeanne, commerçante au marché Mwangeji, témoigne: « Tout est bloqué. La police nous demande même de changer de trottoir pour laisser passer les colonnes. Nous vivons enfermés dans notre propre ville. »
Des points de contrôle improvisés et des accès restreints ont paralysé les activités. Plusieurs voix locales parlent d’"occupation institutionnelle" temporaire.
Et si l’ombre de l’autorité désorganisait plus qu’elle n’ordonnait ? Cette situation questionne en profondeur le rapport des institutions à l’espace public et au rythme des villes. Une autorité qui bloque plus qu’elle ne fluidifie ? Un peuple qui circule mieux sans elle ?
Les événements de ces derniers jours offrent une matière brute à une réflexion de fond sur la mobilité urbaine, l'efficacité logistique de l'État, et la place des citoyens dans l’organisation de l’espace.
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