Au lendemain de fortes pluies qui ont de nouveau paralysé plusieurs artères de la capitale, le Ministre d’État des Infrastructures et Travaux Publics (ITP), John Banza Lunda, a effectué, ce dimanche 7 décembre 2025, une tournée d’inspection sur trois axes critiques. Si l’objectif est d’évaluer les dégâts et de définir des mesures urgentes, cette visite met surtout en lumière les limites persistantes de la planification urbaine kinoise face aux intempéries.
1. Avenue Nguma : Le Pont de Mont Fleury au bord de la rupture
Le premier point d'arrêt, le pont de Mont Fleury (commune de Ngaliema), présente un risque imminent. L’ouvrage, stratégique pour la mobilité vers l’Est de Kinshasa, souffre de fissures visibles et d'une dégradation avancée, aggravée par un arrêt prolongé des travaux de réhabilitation.
Le Ministre Banza Lunda a annoncé une reprise des travaux jugée "imminente". Toutefois, pour de nombreux habitants, la fragilité du pont symbolise une gestion discontinue des chantiers publics, où l'abandon des travaux en cours augmente les dangers pour les usagers.
2. Boulevard Triomphal : Assainissement déséquilibré
Au niveau du robot-roulage, les fortes pluies ont exposé les déséquilibres du système de drainage. Alors que les ouvrages d’assainissement du côté Lingwala et Kinshasa ont relativement bien fonctionné, le flanc de Kasa-Vubu a été submergé, paralysant partiellement la circulation.
Face à cette faille, le Ministère prévoit un redimensionnement complet du drainage, incluant la traversée de conduites sous le robot-roulage. Cette mesure technique, bien que nécessaire, souligne le manque criant d’une approche globale de gestion des eaux pluviales à Kinshasa.
3. Avenue des Huileries : Saturation chronique du grand collecteur
Au marché Lufungula, l’équipe technique a constaté l’inefficacité du système d’évacuation, le grand collecteur longeant l’avenue étant de nouveau saturé.
La décision immédiate est un curage systématique de ce collecteur pour éviter l’accumulation d’eaux stagnantes. Cependant, ce collecteur avait déjà été identifié comme prioritaire lors de précédents épisodes pluvieux. L'absence d'une solution durable pousse à s'interroger sur la pérennité des interventions.
Urbanisation de Kinshasa : Des faiblesses structurelles persistantes
La tournée du Ministre illustre la nécessité d’une réaction rapide, mais elle ne parvient pas à masquer le déficit chronique de planification de la capitale. Kinshasa est victime :
* D'une occupation anarchique des zones inondables.
* De la lenteur dans la réhabilitation des infrastructures.
* De l'absence d’un système de drainage intégré capable de faire face à la pression démographique.
Chaque pluie diluvienne révèle les faiblesses structurelles d’une capitale où les solutions provisoires prennent trop souvent le pas sur une vision d’urbanisation d’ensemble.
Une réunion de coordination est prévue ce lundi 8 décembre au ministère des ITP pour traduire les observations de terrain en actions concrètes. Reste à déterminer si ces mesures stabiliseront durablement les zones concernées ou si elles s'ajouteront à la longue liste d’interventions ponctuelles que connaît Kinshasa depuis des décennies.
