La République démocratique du Congo vient de franchir une étape décisive dans la gestion de ses ressources minières. À Kolwezi, dans la province du Lualaba, l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC) a officiellement lancé sa première production de cobalt artisanal formalisé et traçable ce jeudi 13 novembre 2025.
Ce premier lot de 1.000 tonnes, extrait dans un cadre structuré et conforme aux standards internationaux, marque une rupture avec les pratiques informelles du passé et ouvre une nouvelle ère pour le secteur minier congolais.
Lors de la cérémonie d’inauguration, tenue dans une ambiance solennelle en présence des autorités nationales, provinciales, des partenaires et des acteurs du secteur, la gouverneure du Lualaba, Marie-Thérèse Fifi Masuka, a salué cette initiative comme un tournant majeur:
« Nous sommes réunis ce jour pour un événement d'inauguration de la première production de l'Entreprise Générale du Cobalt (EGC). Cet acte marque l'accomplissement d'une mission audacieuse: celle de formaliser, encadrer et professionnaliser l'artisanat minier. Aujourd'hui, avec la présence des produits finis, en l'occurrence l'hydroxyde de cobalt et la cathode de cuivre, nous demandons une exploitation artisanale respectant les normes internationales. »
Créée en 2019, l’EGC est une société publique mandatée pour organiser, acheter, transformer et commercialiser les minerais stratégiques issus de l’exploitation artisanale. Elle s’est engagée à garantir une traçabilité complète du cobalt, depuis les sites d’extraction jusqu’aux installations de transformation, répondant ainsi aux exigences croissantes des marchés internationaux en matière de transparence et de responsabilité.
Pour Éric Kalala Nsantu, directeur général de l’EGC, cette première production est bien plus qu’un jalon industriel:
« C'est une ouverture sur l'avenir, puisque nous offrons maintenant une solution selon les directives du chef de l'État, son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, avec le concours de la gouverneure et de la cheffe du gouvernement. Nous avons mis en place une solution afin de contrôler notre cobalt congolais artisanal et de nous assurer aussi d'une meilleure rémunération, de meilleures conditions de travail des artisanaux. »
Il poursuit en soulignant que :
« Je pense que l'EGC, la société que je représente, est vraiment un outil de souveraineté pour notre pays puisque cette production artisanale, c'est la production la plus importante que le pays contrôle. C'est un objet de fierté, c'est un objet de richesse pour lequel nous devons nous assurer qu'il touche tous les Congolais et surtout les artisanaux », a-t-il déclaré devant la presse locale et internationale.
La RDC détient plus de 70 % des réserves mondiales connues de cobalt et en assure une part équivalente de la production. Ce minerai est essentiel à la fabrication des batteries électriques, des smartphones et des véhicules à faible émission, plaçant le pays au cœur de la transition énergétique mondiale. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de cobalt pourrait augmenter de 40 % d’ici 2030.
Mais au-delà des enjeux économiques, cette initiative porte une forte dimension sociale. Elle vise à revaloriser le travail des creuseurs artisanaux, longtemps marginalisés. Grâce à l’encadrement de l’EGC, leur activité s’inscrit désormais dans un cadre légal, sécurisé et équitable, leur garantissant une juste reconnaissance et une meilleure rentabilité de leurs efforts.
Avec cette première production de cobalt artisanal traçable, l’État congolais amorce une exploitation plus responsable, transparente et inclusive, fidèle à la vision présidentielle d’un secteur minier au service du développement national et de la dignité des travailleurs.
Roger AMANI
