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Les récentes déclarations des leaders de l’opposition congolaise, soutenant l’initiative de dialogue entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) et le M23, témoignent d'une volonté unanime de rechercher une solution politique pour mettre fin au conflit dans l'est du pays.
Des partis tels que le Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD) de Matata Mponyo, Envol de Delly Sesanga, Engagement citoyenne pour le développement (Ecidé) de Martin Fayulu, ou encore l’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, saluent l’initiative de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), visant à établir un Pacte Social pour la paix et le bien-vivre ensemble et le dialogue direct entre le gouvernement congolais et le M23 pour une paix durable à l’Est de la RDC. Mais ces soutiens, bien qu'alliés à une rhétorique de paix, s'inscrivent-ils dans une logique constructive ou ne sont-ils qu'un outil d'adversité au gouvernement de Félix Tshisekedi ?
D'abord, Delly Sesanga, président de l’Envol, s’est exprimé en faveur du dialogue, soulignant que dans le contexte actuel, "l'option militaire a perdu de sa pertinence pour la paix dans notre pays". Selon lui, l’initiative de la médiation angolaise, qui a réussi à amener les deux belligérants, le gouvernement congolais et le M23, à entamer des négociations directes, est un pas vers la réconciliation nationale. Cette déclaration de Sesanga, comme celle des autres leaders, reflète une position qui accorde à la diplomatie un rôle fondamental, non seulement pour arrêter la guerre, mais aussi pour ouvrir la voie à un futur de stabilité et de prospérité pour la RDC. Toutefois, la question demeure : ce dialogue peut-il véritablement apporter une paix durable, ou est-il un compromis qui ne satisfera ni les aspirations du peuple congolais, ni les exigences de la communauté internationale ?
Matata Ponyo, de son côté, souligne que "le LGD soutient fermement cette initiative, considérant qu'elle représente une étape cruciale vers la concrétisation du Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en République Démocratique du Congo". Pour Matata, il s’agit d’une chance historique pour la RDC, qui pourrait, grâce à ces négociations, aborder les causes profondes de la crise plutôt que de continuer à en gérer uniquement les symptômes. Cette vision repose sur l'idée que la RDC, par un dialogue sincère et inclusif, pourrait enfin tourner la page des conflits récurrents, mais l’adhésion de tous les acteurs politiques et sociaux à ce dialogue reste incertaine. Le soutien de l'opposition à ces pourparlers est sans doute conditionné par un sentiment de nécessité d’un changement dans la gestion de la crise, mais demeure suspendu à la possibilité d’un échec dans la mise en œuvre de ces processus diplomatiques.
Moïse Katumbi, quant à lui, réaffirme sa position selon laquelle "seul un dialogue sincère, transparent et véritablement inclusif peut mettre un terme définitif à la guerre". Cette déclaration, en plus d'appuyer le processus de dialogue, reflète une approche de politique de réconciliation nationale qui s’écarte des solutions militaires, jugées inefficaces. Katumbi, par son appel à un dialogue véritablement inclusif, marque une rupture avec l’option militaire et cherche à persuader tant la population que la communauté internationale que le seul chemin vers la paix passe par une négociation ouverte à toutes les parties prenantes.
Enfin, Martin Fayulu, par son appel à "mobiliser leurs efforts pour appuyer l’initiative", soutient lui aussi les négociations proposées par la médiation angolaise, tout en insistant sur la nécessité de faire de la paix une priorité absolue. Cependant, la position de Fayulu se distingue par sa mise en garde contre les concessions trop hâtives, un point crucial dans un contexte où la RDC est constamment sous pression extérieure. Son soutien à l'initiative ne signifie pas qu’il accepte tout compromis, mais qu'il est favorable à un processus de paix digne et respectueux des intérêts nationaux.
Ces différentes voix de l’opposition convergent autour de l’idée que le dialogue est désormais inévitable, mais cette unité reste conditionnée par des précautions sur les modalités de ce dialogue. Tous s’accordent sur l’idée que l’option militaire ne mène pas à la paix, mais la crédibilité et la réussite de ces négociations demeurent soumises à l’issue de leur mise en œuvre. La RDC, dans ce processus, devra naviguer entre les exigences diplomatiques extérieures et les réalités internes complexes pour éviter de se retrouver avec des concessions qui risquent d'affaiblir davantage son autorité et sa souveraineté.
Moïse Manyong
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