Jadis symbole de dignité et de respect envers les défunts, la morgue de l’hôpital Jason Sendwe, fleuron médical de l’ancienne province du Katanga, est aujourd’hui plongée dans une déchéance alarmante. Ce lieu de recueillement, censé accompagner les familles dans le deuil, est devenu un espace insupportable, saturé d’odeurs nauséabondes et de négligence.
Dès l’entrée, l’air est lourd, chargé d’effluves putrides qui s’échappent des chambres froides défaillantes. Les témoignages des visiteurs et du personnel hospitalier convergent: la morgue ne répond plus aux normes sanitaires minimales. Les corps, parfois conservés pendant plusieurs jours faute de moyens ou de procédures rapides d’inhumation, sont exposés à une chaleur ambiante qui accélère leur décomposition.
« On ne peut plus y entrer sans masque, et même avec, l’odeur vous poursuit longtemps après être sorti », confie un agent hospitalier sous couvert d’anonymat.
Un hôpital en perte de prestige
L’hôpital Jason Sendwe, autrefois référence régionale en matière de soins, semble aujourd’hui abandonné à son sort. La morgue, qui devrait incarner le respect ultime envers les morts, reflète une gestion défaillante et un manque criant d’investissement public. Les équipements de réfrigération sont vétustes, les infrastructures délabrées, et le personnel débordé.
Face à cette situation, les voix s’élèvent. Des ONG locales, des familles endeuillées et des professionnels de santé réclament une intervention urgente des autorités provinciales et nationales. Il ne s’agit pas seulement d’une question d’hygiène, mais de dignité humaine.
« Mourir ne devrait pas être synonyme d’abandon. Nos morts méritent le respect, même dans leur dernier repos », déclare une militante du droit à la santé.
Ce drame silencieux au cœur de Lubumbashi interpelle. Il révèle les failles d’un système hospitalier en souffrance et pose une question fondamentale: que reste-t-il de notre humanité lorsque même la mort n’est plus honorée?
Roger Amani
