Lorsque la nuit tombe sur Kamatete, c’est la terreur qui descend avec elle. Dans cette enclave de la commune Annexe à Lubumbashi, les habitants vivent enfermés dans un cauchemar devenu quotidien.

Depuis plus de deux mois, des hommes armés rôdent dans l’obscurité, pénétrant maison après maison comme des ombres, pillant sans pitié, brisant des vies et des silences. Chaque soir, c’est une loterie macabre: qui sera la prochaine victime d’un État absent, d’une protection disparue ? Le sommeil est devenu un luxe, la peur, une habitude et l’appel à l’aide, un cri qui se perd dans le vide.

Les scènes décrites par les riverains évoquent un climat de terreur: maisons visitées l’une après l’autre, portes défoncées, effets personnels emportés, et parfois même des blessés.

“On ne dort plus. Dès que la nuit tombe, c’est la panique. Chaque bruit dehors nous glace le sang,” souffle maman Jacqueline, mère de quatre enfants, les larmes aux bords des yeux. “Ils sont venus deux fois. Ils ont pris ce qu’ils voulaient. Ils reviendront.’’ sa maison a été cambriolée deux fois en quinze jours.

La peur a conquis les maisons. Elle dort dans les couloirs, partage les repas, s’invite dans les rêves. La résistance s’organise avec des moyens dérisoires. Malgré de multiples appels à l’aide lancés aux autorités locales, aucune mesure concrète n’a, à ce jour, été mise en place.

“Nous avons formé des groupes de vigilance avec les jeunes du quartier, mais que peut-on faire face à des hommes armés et organisés?”, témoigne Jean-Paul Kanku, enseignant et habitant de la zone depuis plus de dix ans.

La frustration se mêle à la peur, et plusieurs familles envisagent déjà de quitter le quartier, faute d’intervention de l’État. La population en appelle avec insistance au Gouverneur de la province, Jacques Kyabula Katwe, au ministre provincial de l’Intérieur, ainsi qu’au commissaire provincial de la Police nationale congolaise (PNC).

“Nous nous sentons abandonnés. Il faut qu’on vienne nous protéger avant qu’il ne soit trop tard,” alerte Maman José, veuve et commerçante, qui vit désormais chez sa sœur après avoir été dévalisée. ‘‘Je prie et j'essaie de survivre ’’.

Face à cette insécurité grandissante, les habitants de Kamatete réclament une action rapide, structurée et durable pour restaurer la sécurité dans leur quartier. Ils refusent de s’habituer à vivre avec la peur pour seule compagnie.