C’est une annonce qui n’a pas tardé à faire grincer des dents. Lors de la conférence internationale sur la région des Grands Lacs, tenue cette semaine à Paris, Emmanuel Macron a dévoilé un plan d’aide de 1,5 milliard de dollars pour soutenir les victimes des conflits dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Une initiative humanitaire saluée à Kinshasa… mais qui passe mal dans l’Hexagone.
À peine le montant révélé, la polémique a éclaté comme une traînée de poudre. L’opposition française, déjà vent debout contre la gestion économique du gouvernement, dénonce une décision « hors-sol », prise alors que la dette publique française flirte dangereusement avec les 3 000 milliards d’euros. Pour beaucoup, ce geste généreux ressemble moins à un élan de solidarité qu’à une opération de communication internationale.
Car derrière les sourires diplomatiques et les poignées de main africaines, le calcul politique est limpide: Macron cherche à se repositionner comme leader sur la scène africaine, à un moment où son pouvoir vacille à domicile. Impopularité record, tensions sociales, majorité relative à l’Assemblée… Le président joue gros. Et quoi de mieux qu’un sommet africain à Paris pour tenter de reprendre la main?
Mais ce pari est risqué. En pleine crise du pouvoir d’achat, alors que les Français s’inquiètent pour leurs retraites, leurs factures et leurs services publics, l’annonce d’un milliard et demi pour la RDC passe mal. Très mal. D’autant que certains observateurs pointent du doigt l’absence de garanties sur l’utilisation de ces fonds dans un pays où la corruption reste endémique.
Macron voulait marquer les esprits. Il l’a fait. Mais pas forcément dans le sens qu’il espérait.
Roger Amani
