Dans le territoire de Nyiragongo, au Nord-Kivu, sous contrôle du mouvement rebelle Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), les portraits du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ont été retirés des établissements scolaires.
Une décision qui alimente les craintes d’une rupture symbolique avec l’autorité centrale et ravive les débats sur une possible balkanisation de l’est de la République démocratique du Congo.
La directive émane d’Éphrem Kabasha, présenté comme chef du territoire sous administration rebelle. Dans une note officielle, il interdit formellement l’affichage des photos du président dans toutes les écoles de la zone contrôlée par le M23. La mesure va plus loin: elle proscrit également l’enseignement des noms des dirigeants du gouvernement central dans les programmes scolaires locaux.
Kabasha justifie cette décision par une volonté de « promouvoir l’unité et combattre le tribalisme » dans le système éducatif. Pourtant, cette justification peine à convaincre, tant la portée politique du geste semble évidente. Le retrait des symboles de l’État congolais dans une région déjà marquée par l’instabilité est perçu par de nombreux observateurs comme un acte de défiance envers Kinshasa.
Des menaces de sanctions ont été brandies à l’encontre des établissements qui refuseraient d’appliquer cette directive. Depuis, les murs des écoles se sont vidés de toute représentation officielle du chef de l’État, accentuant le sentiment de fracture entre les zones sous contrôle rebelle et le reste du pays.
Pour plusieurs analystes, cette décision marque une étape supplémentaire dans l’érosion de l’autorité de l’État dans l’Est. « Interdire l’image d’un président en exercice dans son propre pays est un acte rare, à forte charge symbolique », souligne un expert local. Certains y voient un prélude à une tentative d’autonomisation, voire une stratégie de désintégration territoriale.
Alors que la RDC fait face à de multiples défis sécuritaires, cette mesure du M23 met en lumière la fragilité de la cohésion nationale et les tensions persistantes entre le pouvoir central et les zones sous influence rebelle.
Roger AMANI
