Le procès très attendu de Roger Lumbala s’est ouvert ce mercredi 12 novembre 2025 devant la Cour d’assises de Paris. L’ancien chef de la rébellion RCD-N (Rassemblement congolais pour la démocratie National), figure controversée des guerres congolaises de la fin des années 1990, est poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité et participation à une association de malfaiteurs.
Dès les premiers échanges, Lumbala, 65 ans, a rejeté la légitimité de la justice française pour le juger, arguant que les faits remontent à un conflit armé interne congolais et relèvent donc uniquement des juridictions de la République démocratique du Congo. Cette contestation de compétence a ouvert le bal d’un procès aux fortes implications politiques.
Lumbala, arrêté à Paris en 2020 puis mis en examen, est accusé d’avoir supervisé ou facilité de graves exactions commises entre 1998 et 2003 dans les localités de Bafwasende, Isiro et Mambasa, au nord-est de la RDC. Mais à la barre, il nie catégoriquement toute implication directe ou indirecte, affirmant que ces actes auraient été commis par les troupes du Mouvement de Libération du Congo (MLC), alors dirigé par Jean-Pierre Bemba, aujourd’hui Vice-Premier ministre et ministre de la Défense en RDC.
Dans une requête stratégique, la défense de Lumbala a demandé la comparution de Jean-Pierre Bemba, ainsi que celle de Constant Ndima, ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu, pour « clarifier les responsabilités militaires et politiques » de l’époque.
Ce procès marque une première historique en France, qui applique le principe de compétence universelle pour juger des crimes les plus graves commis à l’étranger, lorsqu’aucune justice locale ne s’est saisie du dossier.
Pour de nombreux observateurs, ce procès pourrait raviver les débats sur les responsabilités des chefs de guerre congolais dans les violences ayant ensanglanté l'est de la RDC pendant la Deuxième Guerre du Congo (1998–2003), qui fit des millions de morts.
Dieumerci Matu Chub
