C’est ce vendredi 21 novembre que plusieurs sources ont relayé la sortie musclée de Seth Kikuni, réagissant à la lettre adressée par Roger Lumbala à Jean-Pierre Bemba.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux le matin de ce vendredi, Seth Kikuni, porte-parole de la plateforme Sauvons la RDC dirigée par l’ancien président Joseph Kabila, a interpellé avec vigueur les autorités congolaises après la diffusion de la lettre manuscrite de Roger Lumbala appelant Jean-Pierre Bemba à témoigner en sa faveur devant la justice française.
Kikuni s’interroge publiquement :
«Est-ce que M. Jean-Pierre Bemba a lu la lettre de Roger Lumbala ? Comment un gouvernement qui se réclame du combat pour la reconnaissance du Genocost peut-il demeurer insensible, inerte, face à ce procès qui marque une étape historique pour notre mémoire collective ? »
Alors que les pressions se multiplient pour que Bemba, actuel vice-premier ministre et ministre de la Défense, se rende en France pour témoigner ou intervienne par visioconférence, le silence du gouvernement congolais alimente une vive controverse. Pour Seth Kikuni, ce mutisme est incompréhensible, voire irresponsable, au regard de la portée historique du procès.
L’ancien candidat à la présidentielle en appelle directement à ceux qu’il considère comme les premiers concernés.
« M. le Ministre Patrick Muyaya, où est votre voix, où est votre présence, dans ce moment où l’Histoire nous convoque ? » lance-t-il, visant le porte-parole du gouvernement congolais, qu’il accuse d’absence de leadership communicationnel dans une affaire aux implications mémorielles majeures.
Cette prise de position intervient dans un contexte déjà tendu, la lettre de Roger Lumbala demandant explicitement à Jean-Pierre Bemba d’intervenir pour l’innocenter dans l’affaire « Effacer le Tableau » a provoqué un vif débat politique. Lumbala affirme que plusieurs victimes doivent se rendre prochainement à Paris pour témoigner contre lui et reproche à Bemba de l’avoir abandonné.
Rappelons que Roger Lumbala est poursuivi par la justice française depuis le 4 janvier 2021, date de sa mise en examen dans le cadre de l’enquête ouverte sur des crimes contre l’humanité présumés commis lors de l’opération militaire « Effacer le Tableau » (2002-2003), menée conjointement par des factions alliées dans l’Est de la RDC. La Cour d’appel de Paris a confirmé son renvoi devant les assises en février 2024, et son procès s’est ouvert le 12 novembre 2025.
La réaction de Bemba, tout comme celle du gouvernement congolais, est désormais scrutée avec attention. Pour de nombreuses organisations, observateurs et acteurs politiques, ce procès constitue un moment crucial pour la mémoire nationale, la lutte contre l’impunité et la reconnaissance des crimes commis durant les années de guerre.
Abdoul ULAFIA
