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Le parti politique Leadership et gouvernance pour le développement (LGD) a mis fin, ce samedi 2 août, à deux mois d'incertitude concernant la disparition de son président national, Augustin Matata Ponyo.
L'annonce a été faite au cours d'un point de presse par le secrétaire général du parti, Francklin Tshamala, suscitant de vifs débats sur la situation de l'ancien Premier ministre, qui a été récemment condamné par la justice congolaise. Son départ du pays est désormais au centre de l'attention, soulevant la question de savoir s'il s'agit d'un acte de rébellion politique ou d'une simple fuite.
Francklin Tshamala a d'abord rassuré l'opinion publique : « Je voudrais à ce stade de manière particulière et insistante rassurer toute la population congolaise, et particulièrement les membres et sympathisants du LGD et alliés, que le président national du LGD et allié, l'honorable Matata Ponyo, est bel et bien vivant et en sécurité ».
Selon le secrétaire général, le président du LGD a finalement repris contact avec son parti après deux mois d'absence, déclarant avoir été « contraint d'aller en exil par les pouvoirs en place ». Tshamala a qualifié cette action de violation de l'article 30, alinéa 2 de la Constitution, qui garantit la liberté de mouvement aux citoyens. Le lieu de refuge de Matata Ponyo n'a pas été précisé, mais Tshamala a indiqué que cette information serait partagée "le moment venu" par l'intéressé lui-même, avant son éventuel retour au pays.
Une condamnation judiciaire au cœur du débat
Cette annonce survient après un développement judiciaire majeur. La Cour constitutionnelle, siégeant en premier et dernier ressort, avait en effet condamné Matata Ponyo le mardi 20 mai à 10 ans de travaux forcés et à une inéligibilité de 5 ans. La Haute Cour avait également émis un mandat d'arrêt immédiat et ordonné la saisie de ses biens, à concurrence des montants détournés.
L'ancien Premier ministre, qui a dirigé le gouvernement de 2012 à 2016, a été reconnu coupable du détournement de 156.849.413 dollars américains. Ces fonds, qui étaient destinés au développement du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, ont été détournés en complicité avec l'ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo. Une autre accusation de détournement de 89 millions de dollars avec un prévenu sud-africain, Globler, avait également été retenue contre lui.
Ce contexte judiciaire lourd change la perspective sur son départ. Son parti, le LGD, dépeint son absence comme un exil politique forcé, un acte de résistance contre un pouvoir qu'il accuse de partialité. Cependant, pour beaucoup, il s'agit d'une fuite évidente pour échapper à une sentence de justice. La question qui se pose est de savoir si un homme politique condamné par les plus hautes instances judiciaires peut se réfugier derrière l'argument de l'exil politique.
Un combat pour l'État de droit depuis l'étranger
Malgré son statut de fugitif pour la justice congolaise, Matata Ponyo a affirmé sa détermination à poursuivre son combat politique. « Il rassure qu'il continuera son combat jusqu'à l'avènement d'un État de droit dans notre pays », a déclaré Francklin Tshamala. Il a également promis d'œuvrer aux côtés de l'opposition, tant au pays qu'à l'étranger, pour promouvoir un "leadership et un gouvernement de qualité".
L'objectif, selon le message de l'ancien Premier ministre, est que la République démocratique du Congo reprenne "le chemin du progrès". Cette annonce marque une nouvelle étape dans l'opposition politique en RDC, soulevant toutefois de profondes interrogations sur la validité morale et légale d'un leadership politique exercé depuis l'exil, après une condamnation pour des faits de corruption.
Stony Mulumba Sha Mbuyi
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