Ce vendredi 21 novembre que plusieurs sources ont rapporté que Roger Lumbala a adressé une lettre manuscrite à Jean-Pierre Bemba, dans laquelle il le supplie d’intervenir pour l’innocenter dans le cadre du procès lié à l’opération « Effacer le Tableau ».
Roger Lumbala, ancien chef de guerre congolais aujourd’hui confronté à la justice française, implore Jean-Pierre Bemba de prendre la parole publiquement ou de témoigner par visioconférence en sa faveur. Dans cette lettre, il assure que plusieurs victimes de l’opération militaire « Effacer le Tableau » viendront prochainement à Paris pour témoigner contre lui, et déplore le silence et l’absence de soutien du président du MLC :
« Vous ne m’avez montré aucune considération, vous m’avez abandonné, moi et ma famille », écrit-il.
Lumbala appelle non seulement Bemba, mais aussi d’anciens cadres du MLC parmi lesquels Olivier Kamitatu, Alexis Thambwe Mwamba ou François Mwamba à rejoindre son combat selon lui, ces dirigeants connaissent la vérité sur les événements passés et pourraient contribuer à éclairer la justice.
Rappelons que Roger Lumbala est poursuivi par la justice française depuis plusieurs années : il a été mis en examen le 4 janvier 2021 dans le cadre d’une enquête ouverte dès décembre 2016 par le pôle Crimes contre l’humanité du parquet de Paris pour son rôle présumé dans des crimes de guerre. En février 2024, la Cour d’appel de Paris a confirmé l’accusation de complicité de crimes contre l’humanité à son encontre en lien avec l’opération « Effacer le Tableau ». Le procès de Lumbala a débuté à Paris le 12 novembre 2025.
L’opération « Effacer le Tableau » désigne une offensive menée entre octobre 2002 et janvier 2003 par des forces alliées du RCD-N (dirigé par Lumbala) et du MLC (sous la direction de Bemba) dans l’Est de la RDC. Selon les enquêteurs et des ONG internationales, cette campagne militaire aurait été marquée par des exactions graves contre des populations civiles meurtres, tortures, viols, réductions en esclavage notamment visant des groupes ethniques vulnérables.
À travers cette lettre, Lumbala semble mobiliser ce qu’il lui reste de soutien politique, il espère que l’intervention conjointe de Bemba et des anciens cadres du MLC pourra infléchir le cours du procès, voire influencer la justice. Pour lui, le silence des alliés d’antan constitue une trahison. De son côté, si Bemba répond à cet appel, cela pourrait redéfinir les contours politiques de cette affaire et peser dans l’opinion et devant les tribunaux français.
Ce revirement met en lumière l’enjeu historique de ce procès, considéré comme l’un des premiers au monde visant des crimes en RDC sur la base de la compétence universelle. Des ONG comme TRIAL International ou la Clooney Foundation for Justice, parties civiles dans le dossier, suivent avec attention les développements, soulignant l’importance symbolique et juridique d’un jugement équitable.
Abdoul ULAFIA
