La prise d’Uvira par les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, a provoqué un séisme diplomatique à Kinshasa. Moins de 24 heures après la chute de cette ville stratégique du Sud-Kivu, la République démocratique du Congo appelle les États-Unis à durcir le ton face à Kigali.
Dans une interview accordée à l’agence Reuters, la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a lancé un appel clair à Washington: il est temps de passer à l’action. « Face aux milliers de morts et aux déplacements massifs, la préoccupation ne suffit plus. Il faut des mesures concrètes », a-t-elle martelé, dénonçant l’inefficacité des sanctions actuelles contre le Rwanda.
Uvira, symbole d’un échec diplomatique
La chute d’Uvira, carrefour commercial vital et verrou stratégique de la plaine de la Ruzizi, marque un tournant dans l’offensive du M23/RDF. Après plusieurs jours de combats, les forces congolaises ont cédé du terrain, laissant la ville aux mains des rebelles. Ce revers militaire a provoqué une onde de choc jusque dans les chancelleries occidentales.
Pour Kinshasa, cet épisode met en lumière l’échec du processus de paix piloté par les États-Unis. La ministre Wagner insiste: la crédibilité des Accords de Washington est en jeu. « Nous avons respecté nos engagements. Il est temps que la communauté internationale exige la même chose de tous les acteurs », a-t-elle déclaré.
Un appel à la responsabilité collective
Alors que les combats s’intensifient dans l’Est, le gouvernement congolais réaffirme son attachement à une solution politique. Mais il exige désormais des actes. Kinshasa appelle à la « responsabilisation » de toutes les parties impliquées dans la crise, y compris les parrains régionaux des groupes armés.
La RDC, confrontée à une crise humanitaire grandissante, espère que la chute d’Uvira servira d’électrochoc. Pour Kinshasa, l’heure n’est plus aux déclarations de principe, mais à des sanctions ciblées et à une pression diplomatique accrue sur Kigali.
Roger AMANI
