‎Longtemps cantonnée au champ spirituel, l’Église Philadelphie, sous la houlette du pasteur Roland Dalo, étend désormais ses ramifications jusqu’aux sommets du pouvoir. De la présidence aux ministères, en passant par les établissements publics et les grandes agences d’État, la communauté pentecôtiste impose subtilement sa marque dans l’architecture institutionnelle congolaise.

‎Un réseau bien ficelé, une influence en croissance

‎Selon des sources internes concordantes, plus d’une vingtaine de postes stratégiques seraient désormais occupés par des fidèles ou pasteurs de cette église. Si la poussée date officiellement de 2019, elle s’est accélérée au fil des nominations. Dernière illustration: Medi Vedoso, pasteur à Philadelphie et gendre de Roland Dalo, fraîchement nommé chargé des missions stratégiques du chef de l’État le 23 juillet 2025. Une désignation qui ne passe plus inaperçue.

‎L’irritation gronde dans les rangs politiques

‎Ces nominations répétées hors des circuits traditionnels du parti présidentiel agacent jusqu’à l’Union sacrée, structure politique sensée encadrer les équilibres internes du régime. La méritocratie politique semble céder la place à la loyauté spirituelle, laissant un goût amer aux militants laissés à la porte.

‎Une Église ou un laboratoire d’influence?

‎Roland Dalo, figure centrale de Philadelphie, apparaît désormais comme bien plus qu’un guide religieux. Analystes et observateurs évoquent une véritable stratégie d’entrisme spirituel, portée par une logique de réseau, consolidée par un discours rassembleur. L’onction devient progressivement une matrice de pouvoir, structurée, disciplinée et résolument implantée.

‎La République peut-elle cohabiter avec une telle proximité confessionnelle?

‎Dans un pays officiellement laïc, la montée en puissance d’une institution religieuse dans la sphère politique pose une question de fond: jusqu’où peut aller la foi quand elle devient levier de gouvernance? Le cas Philadelphie, entre influence bienveillante et captation silencieuse, interpelle et pourrait bien redessiner les contours de la gestion publique en RDC.