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Dans une manœuvre qui s’apparente davantage à une opération de souveraineté qu’à une gestion administrative, la rébellion AFC/M23 a annoncé un redécoupage urbain de la ville de Goma. Le gouverneur Bahati Erasto, installé par les rebelles, a fait savoir que deux nouvelles communes Mugunga et Lac Vert viendront s’ajouter à celles déjà existantes de Karisimbi et Goma.
Officiellement, l’objectif serait de « rapprocher l’administration des administrés », selon les déclarations du gouverneur. Officieusement, cette décision interroge plusieurs observateurs : peut-on parler d’organisation territoriale quand elle est dictée par une force non reconnue par l’État ? L’AFC/M23, qui contrôle de facto une partie du Nord-Kivu, semble désormais vouloir en redessiner les contours politiques et administratifs.
Le redécoupage de Goma intervient dans un contexte tendu, où la légitimité institutionnelle est battue en brèche par des logiques de guerre. Derrière les mots policés se cache un message plus sourd: le M23 ne se contente plus d’occuper, il administre, structure, et impose son ordre. Ce genre de réorganisation spatiale, souvent présentée comme une mesure de gouvernance locale, est en réalité un acte d’ancrage territorial.
Loin d’une simple question de cartographie, la création de ces communes soulève des préoccupations plus profondes: quel avenir pour la gouvernance dans les zones contrôlées par des groupes armés ? Quels repères administratifs pour les habitants, ballotés entre les injonctions rebelles et les silences institutionnels ?
Dans l’ombre des décisions officielles, les lignes de la République se brouillent. Et Goma, déjà éprouvée par les conflits, devient le théâtre d’une reconfiguration où les cartes ne sont plus dessinées à Kinshasa, mais au rythme des revendications militaires.
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