Les finances publiques congolaises affichent un déséquilibre préoccupant. À la fin du mois d’août, les dépenses de l’État ont atteint 21 869,2 milliards de CDF, contre 18 604,2 milliards de CDF de recettes, générant un déficit budgétaire de 3 265 milliards de CDF. Pour combler ce manque, le Gouvernement a intensifié son recours aux emprunts sur le marché financier local, notamment via les Bons et Obligations du Trésor.
Une dette alimentée par les dépenses de fonctionnement
Ce déficit est principalement dû aux dépenses de fonctionnement des ministères et institutions publiques, souvent supérieures aux prévisions budgétaires. Plutôt que d’investir dans des projets structurants, le Gouvernement semble privilégier le maintien du train de vie de l’appareil politique, au détriment du développement et de la création d’emplois.
Une dette intérieure en forte croissance
Entre le 1er janvier et le 7 octobre 2025, le Trésor public a levé 1,555 milliard USD et 372 milliards de CDF. Ces chiffres, issus des notes de conjoncture de la Banque centrale du Congo (BCC), illustrent une accélération du recours à l’endettement intérieur.
En comparaison, au premier semestre 2025, le Gouvernement avait déjà emprunté 1,127 milliard USD et 286,7 milliards de CDF, soit un total équivalent à 1,227 milliard USD au taux moyen de 2 850 FC/USD.
Une dette qui pèse sur l’avenir
Au 8 octobre 2025, l’encours global des titres publics s’élevait à 5 093,5 milliards de CDF, en légère baisse par rapport à la semaine précédente ( 5 186,9 milliards), un recul attribué au taux de change, non à une réduction réelle de la dette.
Pour le quatrième trimestre 2025, le calendrier prévoit encore 100 milliards de CDF et 400 millions USD d’émissions supplémentaires.
Une tendance déjà bien ancrée
En 2024, le Gouvernement avait levé 4 712,4 milliards de CDF (environ 1,653 milliard USD), dont 1 289 milliards via les Bons du Trésor et 3 423,4 milliards via les Obligations du Trésor. Après remboursement des titres échus ( 2 881,7 milliards de CDF), le solde net d’émissions s’établissait à 1 830,8 milliards de CDF. Fin décembre, l’encours global atteignait déjà 3 471,6 milliards de CDF.
Alors que le pays fait face à un chômage massif et à des besoins urgents en infrastructures, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une réorientation des dépenses publiques vers des secteurs porteurs: agriculture, énergie, industrie, éducation.
En résumé, l’État congolais vit au-dessus de ses moyens. Et tant que les finances publiques ne seront pas recentrées sur le développement durable, la dette continuera de croître, menaçant le bien-être collectif et la stabilité économique du pays.
Roger AMANI
