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Dans les méandres de la guerre à l’Est de la République démocratique du Congo, un nom revient avec insistance: William Amuri Yakutumba, chef de guerre autoproclamé, figure controversée mais incontournable de la résistance armée congolaise.
À la tête des Maï-Maï Yakutumba et des Wazalendo, il incarne une opposition farouche à l’influence rwandaise et aux offensives du M23.
Origines et parcours d’un rebelle devenu général
Né dans les années 1970 à Lubondja, dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu), Yakutumba appartient à la tribu Bembe, réputée pour sa résistance historique. Étudiant en histoire à l’Université de Lubumbashi, il abandonne ses études en 1996 pour rejoindre les Maï-Maï lors de l’invasion de l’AFDL. Il combat dans les deux guerres du Congo, puis fonde son propre groupe armé: Maï-Maï Yakutumba, devenu l’un des piliers de la Coalition nationale du peuple pour la souveraineté du Congo (CNPSC).
Un cauchemar pour le M23 et les RDF
Depuis 2022, Yakutumba dirige des opérations de défense dans le Sud-Kivu, notamment à Fizi, contre les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Ses troupes, souvent en coordination avec les FARDC, ont infligé plusieurs revers aux forces adverses, notamment lors d’affrontements dans les forêts de Minembwe et les collines de Uvira. Des vidéos virales le présentent comme “l’homme qui a agenouillé les M23”.
Malgré son aura de résistant, Yakutumba est inscrit sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU pour violations graves des droits humains, exploitation illicite des ressources naturelles et recrutement d’enfants. Son groupe est accusé d’exactions contre les civils, notamment dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.
Entre patriotisme et dérives armées
Pour ses partisans, Yakutumba est un patriote radical, défenseur de l’intégrité territoriale face à la “balkanisation”. Pour ses détracteurs, il incarne la persistance des milices incontrôlées qui alimentent l’instabilité. Son double visage, résistant et chef de guerre sanctionné, illustre les paradoxes de la lutte armée en RDC.
Alors que les combats se poursuivent, Yakutumba reste une figure centrale du front anti-M23. Son avenir dépendra autant de l’évolution militaire que des négociations politiques à venir. Mais une chose est sûre: dans les collines du Sud-Kivu, son nom continue de résonner comme un symbole de résistance et de controverse.
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