L’image aurait pu symboliser l’espoir: la République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé un accord de paix historique au Département d’État américain, sous l’égide de Washington. Mais loin des applaudissements diplomatiques, des voix critiques s’élèvent déjà à Kinshasa.
Parmi elles, celle de Jean-Claude Katende, figure emblématique de la société civile congolaise, dont les propos tranchent avec l’euphorie ambiante.
« Je ne suis pas surpris que l’initiative américaine ait abouti. Ce sont ces mêmes États-Unis qui avaient armé le Rwanda en 1996 pour envahir le Congo. Leur influence est évidente. » dit Jean-Claude Katende sur son compte X anciennement twitter.
L’accord a été signé par Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères de la RDC, et Olivier Nduhungirehe, son homologue rwandais, lors d’une cérémonie présidée par le secrétaire d’État américain Marco Rubio le vendredi 27 juin 2025.
Le texte prévoit notamment:
- le respect de l’intégrité territoriale,
- le désarmement des groupes armés,
- l’accès humanitaire sécurisé,
- le retour des déplacés,
- et un cadre renforcé d’intégration économique régionale.
Mais selon Katende, ces dispositions peinent à réparer les cicatrices encore béantes des conflits passés.
« Cet accord ne reflète pas les aspirations des Congolais. Il ignore les crimes commis sur notre sol, les violations des droits de l’homme, le pillage systématique de nos ressources. Et aujourd’hui, le Rwanda en sort gagnant, sans contrepartie. »
L’activiste déplore également l’absence d’un volet judiciaire ou de mécanismes de réparations. Pour lui, cet accord consacre une impunité dérangeante.
« Il ne peut y avoir de paix durable sans justice. Or ici, un pays accusé de multiples atteintes graves obtient presque une prime. Ce n’est ni juste, ni équitable », regrette t-il.
Tandis que Washington se félicite d’avoir rassemblé les antagonistes autour d’une même table, cette critique jette une ombre sur un processus fragile. Entre diplomatie stratégique et soif de justice, la route vers une paix véritable semble encore semée d’embûches.
