‎L’Union sacrée, censée être le socle d’une majorité politique cohérente, ressemble de plus en plus à une arène de gladiateurs. Le congrès n’aura été qu’un vernis d’unité sur une façade qui craque de toutes parts. Au Parlement, les couteaux s’aiguisent dans les couloirs, les sourires se figent, et les alliances se transforment en pièges.

‎La récente interpellation de quatorze députés — arrêtés, puis relâchés sans explication officielle — n’est pas un simple incident. C’est un signal d’alarme. Une démonstration brutale que même les alliés ne sont plus à l’abri. Pas de communiqué, pas de justification: juste un silence assourdissant qui en dit long sur le climat délétère qui règne au sein de l’Union sacrée.

‎Derrière les rideaux, les tractations s’intensifient. Les noms circulent, les ambitions s’entrechoquent. Vital Kamerhe, figure centrale mais contestée, semble pris dans un jeu de dominos où chaque mouvement peut faire tomber l’édifice. Les murmures du Sénat parlent de règlements de comptes, de repositionnements stratégiques. Et la question devient brûlante: qui veut écraser qui?

‎Ce qui se joue ici dépasse les simples rivalités internes. C’est la crédibilité même de la majorité qui vacille. Les députés interpellés deviennent les symboles d’une démocratie en apnée, tandis que l’opinion publique, elle, regarde ce théâtre avec lassitude et colère. Les citoyens ne veulent pas de gladiateurs. Ils veulent des serviteurs de la République.

‎Mais à force de jouer aux cartes sans règles, on finit par brûler la table. L’Union sacrée risque l’implosion. Et si les acteurs politiques ne changent pas de posture, c’est tout le système qui pourrait s’effondrer sous le poids de ses contradictions.

‎Alors, jusqu’où ira ce bras de fer? Jusqu’à quel point les ambitions personnelles écraseront-elles l’intérêt collectif? Le Parlement congolais est devenu un champ de bataille. Et dans cette guerre feutrée, ce n’est pas la démocratie qui gagne — c’est l’opacité, la méfiance, et le chaos.

‎

‎Par Roger AMANI – Journaliste et éditorialiste, spécialiste en communication politique, CEO & expert en stratégie électorale.