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La Société nationale d’électricité (SNEL) traverse une zone de turbulences sans précédent, fragilisée par une gouvernance conflictuelle et des interférences politiques persistantes. À la tête de l’entreprise, Fabrice Lusinde cumule depuis plusieurs années les fonctions de Directeur général et de Directeur financier, en violation des principes élémentaires de bonne gouvernance.
Son refus de mettre en œuvre les réformes validées par le Conseil d’administration notamment la nomination de nouveaux directeurs de département issus d’une procédure transparente illustre une volonté manifeste de conserver un pouvoir absolu, au détriment de la performance de la société. Cette attitude bloque tout élan de restructuration et maintient en poste, depuis deux ans, des intérimaires nommés sur base de clientélisme.
La gestion actuelle est vivement critiquée, tant par les commissaires aux comptes que par l’audit interne de la SNEL, qui dénoncent une absence de clarté dans les finances de l’entreprise. L’impact de cette mauvaise gestion est lourd de conséquences : incapacité à fournir de manière fiable de l’électricité aux industries, manque à gagner pour la SNEL, et stagnation du développement énergétique national. Des entreprises minières comme Kamoa, Glencore ou MMG, pourtant prêtes à consommer localement, sont contraintes d’importer l’électricité à coût élevé. Cette situation révèle l’ampleur du dysfonctionnement, entretenu par un management inefficace et autoritaire.
À cette crise interne s’ajoutent des blocages politiques orchestrés par le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa. Ce dernier s’oppose systématiquement aux décisions du Conseil d’administration, pourtant seul organe habilité à nommer les Directeurs de département. En décembre 2024, lors des États généraux du Portefeuille, le ministre s’en est même pris publiquement au président du Conseil, Luc Badibanga, figure reconnue du management d’entreprise. Ce bras de fer politique a contribué au rejet des comptes 2023 de la SNEL, en raison de leur opacité, aggravant encore l’instabilité de la société.
La délégation syndicale de la SNEL, excédée, tire la sonnette d’alarme. Elle exige l’application des décisions du Conseil d’administration et la fin de l’impunité managériale. Pour les agents et les syndicats, la survie de la SNEL passe par une refonte immédiate de sa gouvernance et une rupture nette avec les pratiques de gestion clientélistes.
Le statu quo actuel ne fait qu’approfondir la crise, au détriment des travailleurs, des usagers et du développement économique national.
Moïse Manyong
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