Le marché de Kiwanja, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), est inondé de haricots fraîchement récoltés, provoquant une chute importante des prix. Si cette situation réjouit les consommateurs, elle met les producteurs dans une position économique précaire.
« Je vends un kilo à 800 francs congolais alors que j’ai investi beaucoup pour labourer et semer. C’est une perte », déplore Mama Zawadi, cultivatrice à Rutsiro. Comme elle, de nombreux agriculteurs voient leurs revenus s’effondrer en raison de la surproduction et de l’absence d’un marché structuré.
Le haricot, pilier de l’alimentation au Nord-Kivu, ne profite que partiellement aux producteurs. Bwana Lumu, agronome local, estime que « l’État doit intervenir pour réguler le marché et soutenir les prix. Sinon, c’est l’abandon des champs assuré. »
Les experts se confiant ce vendredi 21 novembre à nos confrères de umudino/FM plaident cependant pour la construction de routes de desserte agricole, l’amélioration de la sécurité et la mise en place de centres de stockage communautaires pour éviter les pertes post-récolte.
Dans le territoire voisin de Lubero, l’activisme persistant des rebelles ADF empêche toute activité agricole normale. « À cause de l’insécurité, nous avons abandonné nos champs. On ne vit que de petits commerces », témoigne Jean-Marie Mbusa, déplacé de Kasinga.
Les conséquences se font déjà sentir à Butembo, Beni et dans d’autres villes, privées d’un approvisionnement agricole stable.
Entre routes impraticables, prix en chute libre et menaces armées, les agriculteurs se sentent abandonnés. « Nous lançons un appel au gouvernement : sans nous, il n’y a pas de nourriture dans les villes », insiste Kavira Sifa, productrice à Nyamilima.
Le Nord-Kivu attend des mesures concrètes pour soulager une population qui, malgré les efforts, reste prise au piège entre insécurité et pauvreté.
Dieumerci Matu Chub
