Après sa mission à Kisangani, le ministre d’État Guillaume Ngefa annonce une refonte profonde du FRIVAO pour mettre fin aux dérives et relancer les indemnisations des victimes des conflits armés.
Le Fonds spécial de réparation et d’indemnisation des victimes des activités armées de l’Ouganda (FRIVAO) s’apprête à tourner une page décisive de son histoire. À l’occasion de la 67ᵉ réunion du Conseil des ministres, Guillaume Ngefa, ministre d’État en charge de la Justice, a livré une analyse détaillée de la situation du fonds et présenté une série de réformes destinées à remettre l’institution sur des rails fiables et crédibles.
Cette intervention fait suite à une mission d’inspection effectuée du 6 au 10 novembre à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Sur place, le ministre a rencontré des victimes, des associations et plusieurs acteurs locaux. Partout, le même message, une forte attente d’indemnisation et le désir ardent de voir le FRIVAO reprendre ses activités, suspendues depuis plusieurs années en raison de multiples dysfonctionnements.
Selon le compte-rendu du gouvernement, les constats dressés sont préoccupants. Le fonctionnement du fonds a été entravé par des pratiques irrégulières, parmi lesquelles le détournement de ressources destinées aux victimes, l’ingérence politique, l’existence de rétro-commissions sur les financements, la falsification de bases de données et la multiplication de conflits internes entre organisations de victimes. Autant de facteurs qui, selon Guillaume Ngefa, exigent un assainissement immédiat.
Face à cette situation, le ministre a proposé un plan de redressement articulé autour de quatre priorités majeures.
La première consiste en un audit complet, tant financier qu’opérationnel, confié à un cabinet international pour déterminer l’ampleur des détournements, identifier toutes les responsabilités et certifier l’authenticité des listes de bénéficiaires.
Le deuxième axe prévoit la mise en place d’une équipe intérimaire indépendante, réunissant des représentants de la société civile, des ministères concernés, des associations de victimes et des experts en gestion publique. Cette structure de transition devra appliquer des règles de gouvernance strictes et superviser la relance progressive du fonds.
Troisièmement, un mécanisme de paiement direct et traçable sera instauré afin d’écarter les intermédiaires et de limiter les manipulations financières. Les indemnisations passeront désormais par des virements bancaires ou des services de paiement mobile, jugés plus sûrs et plus vérifiables.
La transparence deviendra un pilier incontournable, le ministère exige la publication trimestrielle de toutes les informations relatives au budget, aux dépenses et aux bénéficiaires ces derniers étant présentés sous une forme anonymisée pour protéger leur identité.
Pour Guillaume Ngefa, cette transformation du FRIVAO dépasse la simple restructuration administrative. Elle représente, dit-il, un engagement moral envers les communautés frappées par les violences armées, mais également un test crucial pour la crédibilité des institutions publiques. En redonnant confiance aux victimes et en garantissant une gestion rigoureuse, le gouvernement espère renforcer la cohésion nationale et tourner définitivement la page des pratiques opaques.
Abdoul Ulafia
