Alors que Washington et Doha s’érigent en laboratoires de paix pour la RDC, le résultat ressemble davantage à une opération esthétique qu’à une chirurgie de fond. Derrière les sourires diplomatiques et les poignées de main orchestrées, le chaos dans l’Est du Congo continue de se propager, comme une plaie que l’on maquille sans jamais la soigner.
Les accords signés à Doha et Washington, censés baliser le chemin vers une paix durable, ne sont en réalité que des coquilles vides. L’AFC/M23, acteur central du conflit, ne s’en cache même plus: aucune transformation réelle ne découlera de ces textes. Les combats se poursuivent, les populations fuient, et les violations des droits humains s’accumulent.
Pendant ce temps, Paul Kagame, loin d’adopter un ton conciliant, multiplie les déclarations qui confortent le statu quo. Kinshasa, par la voix de Patrick Muyaya, exige le retrait des troupes rwandaises avant toute avancée diplomatique. Une exigence légitime, mais qui reste lettre morte.
Diplomatie molle, terrain brûlant
La médiation qatarienne, bien que saluée pour sa persévérance, semble naviguer à vue. Treize versions d’accords ont déjà circulé, sans qu’aucune ne parvienne à restaurer l’autorité de l’État dans les zones occupées. Le processus est lent, fragmenté, et surtout déconnecté des réalités du terrain.
Le volet économique signé à Washington entre Kinshasa et Kigali, présenté comme une avancée, ressemble davantage à un pansement sur une fracture ouverte. L’échange de prisonniers, pourtant élémentaire dans tout processus de paix, reste bloqué.
Une paix « BBL »: superficielle, creuse, inefficace
La métaphore du « BBL » [ Brazilian Butt Lift ] n’est pas anodine. Elle traduit une paix gonflée artificiellement, exhibée pour la galerie, mais incapable de soutenir le poids des enjeux réels. Une paix photoshopée, sans muscles ni ossature, qui laisse les Congolais dans l’attente d’un réveil stratégique.
Ce lifting diplomatique ne suffit plus. Il faut une riposte régionale claire, une volonté politique ferme, et surtout, une solidarité internationale qui dépasse les effets d’annonce. Car pendant que les chancelleries s’échangent des protocoles, les civils, eux, comptent leurs morts.
La RDC ne peut se contenter d’une paix cosmétique. Elle mérite une stratégie robuste, une pression réelle sur Kigali, et une implication sincère des partenaires internationaux. Tant que les négociations ressembleront à des séances de spa diplomatique, le peuple congolais restera prisonnier d’un conflit que l’on refuse de traiter à la racine.
Roger Amani, journaliste - Éditorialiste
